Il s’agirait de jouir de cette liberté léguée par la théorie critique et les pratiques conceptuelles ayant, gravement, acté la mort de l’auteur, en gagnant un peu de légèreté. On le voit ici, l’appropriation étant un geste naturel pour les artistes nés au milieu des années 1980, elle est mue désormais par un principe de désir et une question de goût. D’ailleurs, Corentin Canesson définit le mieux son intérêt pour la peinture d’un autre par l’envie qu’elle suscite de la peindre à son tour, comme s’il y avait moins d’intérêt à référer qu’à refaire, repeindre, pour peindre encore, sans raison de s’arrêter. Le discours sur la fin de la peinture serait alors définitivement contredit par l’argument le plus honnête et le moins contextualisé, c’est à dire l’indéfectible plaisir de peindre, aussi permanent que le nu féminin dans l’histoire de la représentation et les histoires d’amour en littérature ou en chanson.

Julie Portier, Re-peindre et peindre, Avril 2015

It is about enjoying the freedom bequeathed by critical theory and conceptual practices - both having enshrined the death of the author - while also gaining some lightness. As it is shown here, appropriation used to be a natural gesture on the part of artists born in the mid 1980’s, but has now become motivated by desire and is now a matter of taste. Moreover, Corentin Canesson defines his interest in someone else’s painting as being the desire to start painting in his turn, as if there were less interest in quoting than in doing again, repaint, and paint again, without ever stopping. The discourse on the end of painting would definitively be refuted by the most honest and least contextualized of arguments, namely the unswerving desire to paint, which is as permanent as the female nude in the history of representations as are love stories in literature and songs. 

Julie Portier, Re-peindre et peindre, April 2015


Corentin Canesson par Elsa Vettier, Zero deux