Djabril Boukhenaïssi
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Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris et de l’Universität der Künste de Berlin, Djabril poursuit sa recherche à travers la peinture, le pastel et la gravure. Son travail est essentiellement nourri par la littérature et la musique et s’articule autour des notions de disparition et de fragilité.
Son travail de peinture s’attache à reconstruire des images sensibles dont il fait l’expérience et qui, comme pour tout un chacun, nourrissent son rapport au monde. Si la peinture qu'il présente semble indécise, comme à mi-chemin d’une représentation aboutie, c’est qu’elle cherche à évoquer des événements qui sont eux-même évanescents, fragiles, mal dessinés et mal inscrits dans notre propre intériorité. C’est le cas d’un souvenir d’enfance, d’un paysage entr’aperçu, de la rêverie induite par un morceau de musique ou encore du visage d’un ami disparu. Autant d’événements logés dans les interstices de notre mémoire, qui s’y sont sédimentés et amoncelés, et qui échappent dès lors qu’on cherche à les saisir. La reviviscence d’un souvenir, lorsque nous nous le figurons, par exemple, n’est pas un décalque de la réalité, mais un résidu appauvri. Pour autant, cette implication du disparu dans le présent laisse des traces, et ces traces, nous les tenons pour vraies, en tant qu’elles sont ce qu’il nous reste de notre passé, et probablement le sable sur lequel nous voulons établir notre présent.
Pour le peintre, la peinture est probablement le lieu où peut s’espérer une telle récognition, précisément parce qu’elle s’autorise à déborder la vraisemblance pour tenter d’aller au plus proche de ces images sensibles. Djabril fait l’hypothèse que la peinture, travaillée à travers des motifs poreux, transparents, eux-mêmes traversés par d’autres motifs, est peut- être en mesure d’évoquer la manière dont ces images intérieures nous reviennent à travers une durée qui nous est propre. Il lui fallait donc penser un ensemble qui épouserait cette dimension temporelle. Les tableaux qu’il propose, évanescents, fragiles, où les motifs se distinguent sans se dessiner véritablement, semblent correspondre au caractère si singulier des événements, fugaces et chancelants, à partir desquels il cherche à travailler. A cet égard, le recours au pastel est essentiel. C’est sa porosité, une fois appliquée sur les glacis de la peinture à l’huile, qui lui a permis d’entreprendre un tel travail.
De manière concomitante, il entreprend un travail sur la disparition de la nuit comme objet poétique. Guidé par l’intuition que la disparition de la nuit dans les villes résonnera dans les imaginations intérieures contemporaines et à venir, Djabril se propose de produire un ensemble d’images qui traitent de cette disparition.
Having graduated from the École Nationale Supérieure des Beaux-Arts of Paris and the Universität der Künste of Berlin, Djabril continues his research through painting, pastels and engravings. His work is largely nourished by literature and music, while addressing notions such as disappearance and fragility.
Djabril’s work as a painter focuses on reconstructing sensitive images of his experiences: images that, like for everyone, nourish his relationship with the world. If the paintings he presents seem indecisive, unfinished or halfway to a completed representation, it's because they seek to evoke events that are themselves evanescent, fragile, poorly drawn and poorly inscribed in our own interiority. Such is the case with a childhood memory, a glimpse of a landscape, the reverie induced by a song, or the face of a lost friend. All these events are embedded in the interstices of our memory, sedimented and piled up there, yet slip away as soon as we try to grasp them. The revival of a memory, when we picture it in our minds, for example, is not a transfer of reality, but an impoverished residue. Nevertheless, this entanglement of the disappeared with the present leaves traces, and we often hold these traces to be true, as they are what remains of our past, and possibly the foundation on which we wish to build our present.
For the painter, painting is probably the place where such recollection can be hoped for, precisely because it allows itself to go beyond verisimilitude in an attempt to get as close as possible to these sensitive images. Djabril hypothesizes that painting, worked through porous, transparent motifs that are themselves crossed by other motifs, may be able to evoke the way in which these inner images come back to us over a period of time that is unique to each one of us. He therefore needed to create an ensemble that would embrace this temporal dimension. His fleeting, fragile paintings, in which motifs stand out without ever truly taking shape, seem to correspond to the singular character of the wavering events he seeks to work from. In this respect, the use of pastel is crucial. It is its porosity, once applied to the glazes of oil paint, that has enabled him to undertake such work.
Simultaneously, he embarked on a project exploring the disappearance of night as a poetic object. Guided by the intuition that the disappearance of night in cities will resonate in contemporary and future imaginations, Djabril intends to produce a series of images dealing with this disappearance.