Jean-Marc Cerino
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Apres avoir représenter, avec les grandes toiles blanches à la cire, les êtres - où les représentations de philosophes succèdent à celles de personnes incarcérées, sans logement ou résidentes d’un hôpital psychiatrique -, mélange d’anonymes et personnes ayant une visibilité publique. Et où tous, au delà de leur singularité et de la reconnaissance de leurs traits, sont accueillis sur un même fond blanc, que rien ne distincte, qui fait communauté et qui fonctionne entre autre comme l’activation d’un cum – et la couleur blanche donnant un certain « ton » à ce cum. Les peintures sur verre de Jean-Marc Cerino représentent le monde vu par ce cum, par l’ensemble de ces singularités. Et constituent un ensemble qui pourrait être alors qualifié d’inépuisable, ou plutôt d’infini. Réalisées d’après des photographies et des dessins – pour l’essentiel d’anonymes – ce projet est ce que l’artiste appelle un regard partagé du monde.
Ce que l’on retrouve énoncé autrement par Arlette Farge : « Jean Marc Cerino travaille aussi sur des photos simples prises par des anonymes, redoublant ainsi sa certitude que là se passe quelque chose qui jamais ne fut vu, entendu, senti de cette façon. Il peint d’après, donc il représente : son réajustement est le sien, mais il n’a rien d’imaginaire, car ce serait oublier que chacun dialogue différemment avec l’autre, et que l’important tient en ce partage incessant (1)».
Par la technique de la peinture sur et sous verre, il s’agit donc de réactiver, de refaire vivre au présent une partie de la puissance de ces documents d’archives. « Jean-Marc Cerino fouille les détails et se perd dans les réserves, les densités montées en couches ou les voiles pellucides de peinture qu’il obtient par dilution. Le revers est peint dans un second temps. L’image reportée est ainsi révélée. Le fond va conjointement provoquer l’advenue et la dissolution de la représentation (2)». Le fond que l’image appelle serait aussi le fond qui la happe, elle.
Il s’agit également par cet ensemble de peintures - ou alterne des images de catastrophes et d’échec autant que de rêves et d’espoir, l’extraordinaires et l’ordinaire d’affirmer que le passé est autant ce qui eu lieu que ce qui à été rêvé, et qu’il en va de même pour le présent. Et ce qui vient « se superposer à la masse des décombres ou de l’anéanti soufflés par la tempête, c’est malgré tout, et sans rapport avec l’espoir ou alors aussi faiblement qu’une toute petite lueur, un autre vent, une étrange brise d’accalmie (3)».
On large white canvases, Jean-Marc Cerino uses wax to represent human beings, alternating between anonymous figures and others with a public profile: philosophers appear alongside prisoners, homeless people, and patients in a psychiatric hospital. Beyond the singularity and recognition afforded by their individual traits, each of these characters is set against the same, indistinguishable white background that forms the basis of a kind of community and functions as the activation of a conjunction – one which is lent a certain tone by this conjunction. Cerino’s paintings on glass meanwhile represent the world from the perspective of this conjunction and all of its singularities. Together, they constitute an ensemble that suggests an inexhaustibility, an infinite quality.
Created from largely anonymous photographs and drawings, the project offers what Cerino calls ‘a shared view of the world’, an interpretation echoed by Arlette Farge: “Jean-Marc Cerino works with simple photographs whose authors are unknown, reinforcing his certainty that his images contain something never before seen, heard, or felt in the same way. He paints from, and therefore represents: the readaptation at work here is his own, but it cannot be described as ‘imaginary’: to do so would be to neglect the fact that everyone dialogues differently with the other, and would overlook the essential element of this work, namely its ongoing process of sharing.” (1)
With this technique of painting on and under glass, Cerino reactivates in the present some of the power of these archival documents. “Jean-Marc Cerino digs around in details and loses himself in the reserves, the layered densities or the pellucid veils of paint that he obtains by diluting his materials, before subsequently painting the other side, allowing the image to be revealed. The background thus provokes the simultaneous appearance and dissolution of the representation.” (2) The background that the image calls forth is also the background in which it is caught, into which it recedes.
This series of paintings, where images of catastrophe and failure alternate with others portraying dreams and hope, and where the extraordinary appears beside the ordinary, affirms that the past is at once that which took place and that which was dreamed of – and that the same is true of the present. It reminds us that “what is superimposed on the mass of ruins and debris left by the storm – unrelated to hope, or offering only the slightest glimmer – is another wind, the strange breeze of a lull.” (3)
(1) Arlette Farge in her text on Jean-Marc Cerino’s work. L’effraction de l’anonyme, exhibition catalogue, Erinnern, Musée de Göppingen & Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole édition, 2013.
(2) Anne Favier in a text for the exhibition Le réel, des rêves, un monde, Galerie Bernard Ceysson - Paris, 2013.
(3) Jean-Christophe Bailly in his text on Jean-Marc Cerino’s work ‘L’effacement comme trace’, exhibition catalogue, Le grain des jours, Musée des beaux-arts de Dôle et galerie Bernard Ceysson édition, 2014.